• Il la précède, ouvre la porte et la laisse entrer. 

    S: "C'est cosy en tout cas"

    P: "Oui très coloré, et sans musique assourdissante"

    S: "On prend une table près de la fenêtre? J'aime bien regarder les gens passer dehors"

    P: "Ok si tu veux... Il y en a une libre dans l'angle"

    Elle se dirige vers là. Pose son sac à terre et commence à déboutonner sa veste, un bouton à la fois. Elle n'est pas très rapide, elle voit bien qu'il est plus vite prêt qu'elle, et elle commence un peu à s'énerver sur un bouton qui ne se laisse pas faire. Il le remarque ...

    P: "Puis je t'aider ?"

    Stéphanie est devenue toute rouge, "heu, oui, si ca ne te gène pas, y en toujours un qui ne veut pas se laisser faire, si tu pouvais t'occuper de lui. Voilà une réalité de la vie où la deuxième main aide souvent ..."

    P: "Pas de problème laisse moi voir"

    Il sourit mais ne dit rien, il déboutonne sa veste et l'aide à la retirer. 

    S: "Ca ira merci"

    Elle dépose elle-même la veste sur le dossier de la chaise. Elle a retroussé son pull au dessus du coude, et se sert de son bras droit pour reculer la chaise de la table et s'assoir enfin.

    S: "Ouf, ça fait du bien, mais fais moi penser de ne plus porter des chaussures pareille toute la journée la prochaine fois que l'on se voit"

    Pierre vois son "petit bras" pour la première fois.

    P: "Ce serait dommage pour mes yeux si tu dois chausser des brodequins. Mais je vois que nous prenons déjà des habitudes si je dois te faire penser à faire quelque chose"

    Elle rit, " rassure toi, j'ai d'autre belles chaussure, mais en plus, elles sont confortables"

    P: "J'ai hâte de voir ça" 

    Le serveur leur apporte la carte, Stéphanie prend la carte de la main gauche et la pose devant elle. Les couverts sont trop rapprochés et elle les pousse de son bras droit afin que la carte soit à plat pour la lire. Elle tourne les pages à la main gauche.

    S: "Tu me conseille quelque chose en particulier peut-être ?"

    P: "La dernière fois, j'ai pris des brochettes de poulet et leur accompagnement. C'était bluffant"

    S: "Du poulet au végétarien, on n'arrête pas le progrès !"

    P: "On aurait vraiment cru du vrai poulet"

    S: "Et bien, je ne vais pas chercher d'avantage alors, je vais essayer ça. J'ai envie d'être bluffée ce soir"

    P: "Bon programme"

    Et d'un coup d'avant bras droit elle referme la carte.

    P: Quant à moi, je vais prendre des brochettes de gambas. Des fausses gambas d'ailleurs, aussi fausses que le poulet. Ca nous permettra, si tu le souhaite, de pouvoir gouter et échanger nos brochettes respectives"

    S: "Et bien nous testerons leur imitations ainsi"

    P: "Vers quelle boisson va ta préférence ?"

    S: "Moi c'est le vin blanc ou bien les softs, mais je t'avoue qu'avec les médicaments que j'ai déjà pris aujourd'hui je préférerais limiter le vin. On peut-être s'en prendre juste un verre ?"

    P: "Oui volontiers, ou bien je te propose un cidre. Ils ont ici une cuvée "bio" excellente"

    S: "Ok, va pour un cidre en apéro ainsi, je te suis"

     


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  • Ils marchent dans les petites rues du quartier des Halles à Paris. Elle n'est pas très grande mais les talons hauts de ses mocassins la portent à hauteur de du menton de Pierre. Elle marche à sa droite, et après quelques pas elle lui prend le bras. 

    S: "Tu as les bras plus fort que les miens"

    P: "C'est pour mieux t'enlacer", dit-il en souriant. 

    S: "Ouïe, le grand méchant loup" et ils éclatent de rire ensemble

    P: "Ne t'inquiète pas, mes dents ne sont pas très acérées"

    S: "C'est encore loin, parce que je n'ai pas vraiment mis mes chaussure de randonnée ..."

    P: "Je vois ça, elles te vont pourtant très bien. Non nous arrivons bientôt"

    S: "Merci. Sinon, il ne va pas me rester grand chose comme membre en état de fonctionnement"

    P: "Je connais pourtant des façons de revigorer tout ça, mais nous ne nous connaissons pas encore assez, ma chère Stéphanie"

    Et il la regarde dans les yeux avec ses petits yeux malins. 

    S: "Oui, ne brusquons pas les choses. Ca serait dommage de griller les étapes importantes"

    P: "Effectivement ne brusquons pas les choses"

    S: "Mais à me regarder comme ça, je vais craquer mon cher Monsieur"

    P: "Et je suis certains que tu  n'es pas si maladroite que ça. Ah oui ? Je te ferais craquer belle demoiselle ?"

    S: "Non, quand même, j'ai une éducation et même une rééducation, alors tu vois, pas d'excuse"

    Il éclate de rire, "le coup de la rééducation, on ne me l'a jamais faites celle là"

    S: "Ah ben, à l'hôpital on m'a dit que la société acceptait mieux le handicap avec humour, et il faut dire que ça se vérifie en général. La preuve avec toi"

    P: "J'adore l'humour. Je ne peux pas m'en passer. Quant au handicap, je te trouve vraiment très à l'aise et je n'en ai encore vu aucune manifestationn."

    S: "Ne soit pas impatient, elles arriveront assez vite"

    P: "Je ne suis pas impatient, rassures toi. Mais c'est vrai que j'ai du mal à imaginer comment cela se concrétise pour toi"

    S: Se concrétise ? Je ne te suis pas ..."

    P: "Pardon je m'exprime mal. Je voulais dire que je ne comprends pas encore quelles sont les contraintes que cela t'impose dans la vie courante"

    S: "La liste est longue pourtant, si tu veux je t'expliquerai ça durant le repas, ca sera plus confortable"

    P: "Oui je comprends. D'ailleurs nous arrivons"

    Et ils tournent dans la rue des Bourdonnais. 

    P: "Voilà nous y sommes. Je te présente certainement le meilleur restaurant végétarien de Paris : Saveurs Végét'Halles"

    S: "Je ne connais absolument pas. En tout cas c'est un bel endroit"

    P: "C'est vrai que la rue et la vitrine ne sont pas trop formidables, mais la cuisine vaut le détour"

     


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  • Puis, elle se touche le bras droit avec sa main gauche et ferme les yeux quelques secondes.

    P: "La douleur ne passe pas ?"

    S: "Non ca va". Elle sourit, mais reste vague.

    P: "OK."

    Puis elle recommence le même geste, un peu plus longtemps.

    P: "Excuse moi mais ça ne semble pas si évident. Je peux faire quelque chose ?"

    S: "J'ai besoin d'enlever la prothèse, mais je ne peux pas le faire ici."

    P: "Oh je vois. Si je te dérange je peux te laisser un instant"

    S: "Non, je vais aller faire ca dans les toilettes, mais je préférerais que nous changions d'endroit après"

    P: "Ok si tu veux. Je demande l'addition pendant ton absence."

    S: "Merci. Je reviens vite"

    P: "Je t'attends"

    Elle se dirige vers les toilettes. La manœuvre ne dure même pas une minute. Elle range son bras dans son grand sac à main. Elle enfile son manteau et place la manche droite dans sa poche et sort. 

    S: "Voilà, je suis prête"

    P: "Oh déjà, tu as été rapide"

    S: "Au bout de 2 ans, on commence à pouvoir le faire les yeux fermés tu sais"

    Pierre se lève, et ne parvient pas à dissimuler un rapide regard sur la manche droite. Il ne dit rien. 

    P: "Je te crois. Où souhaites-tu aller ? Je resterai avec toi toute la journée tant ta compagnie est plaisante. J'espère ne pas me montrer trop "collant""

    S: "Quelle heure est-il ?"

    P: "Il est déjà presque 20h, le temps passe vite en ta compagnie"

    S: "Ah oui quand même, je commence à comprendre pourquoi mon estomac me réclame comme ça"

    P: "Et si nous dînions ensemble ?"

    S: "Ah oui, cette idée me plait bien. Fais-moi découvrir quelque chose."

    P: "J'en suis ravi. Quel genre de cuisine aimes-tu ?"

    S: "Toute, je vais me laisser surprendre ce soir"

    P: "Accepterais tu une expérience végétarienne ?"

    S: "Oui, avec plaisir. Dois-je en conclure que tu es végétarien ?"

    P: "Non pas du tout, mais j'ai moi même été très surpris lorsque des amis m'ont fait découvrir ce restaurant. Nous n'en sommes pas très loin et nous pourrions y aller..."

    S: "D'accord je te suis"

     


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  • Puis un silence, des regards échangés.

    P: "Mais je note déjà un point très positif. Tu n'es pas opposé à ce que nous nous revoyions"

    S: "Non, je prends le risque, tu as l'air sincère"

    P: "Je le suis et je serais sincèrement ravi de te revoir"

    S: "Avec plaisir"

    P: "Ce sera un plaisir partagé alors"

    Stéphanie sort un comprimé de sa poche et l'avale avec ce qui lui reste de thé.

    P: "Est-ce que je t'ennuie au point de prendre un cachet pour supporter la douleur ?" 

    Il lui sourit et lui fait un petit clin d'œil malin. 

    S: "Ce n'est pas toi qui m'ennuie mais le fantôme de mon avant bras qui fait des sienne en fin de journée."

    P: "Oh... Tu voudrais m'expliquer ?"

    S: "Oui, bien sur, autant répondre tout de suite à tes questions"

    P: "Je ne sais pas trop par quoi commencer, j'espère ne pas te choquer. Ni avoir des curiosités malsaines"

    S: "Ce n'est pas malsain, justement je me demandais quand tu allais passer le cap. Et pour répondre à ta première question, quand je fatigue, mon bras réagit comme s'il était encore entier. "

    P: "Ah bon, ok. Et bien passons ce cap ensemble dès maintenant alors"

    S: "Et pour poursuivre, ça me donne des douleurs dans mon bras, comme si le cerveau essayait de le commander mais qu'il n'y arrive pas, alors il insiste. Et là je tiens plus, et je prend une gélule qui fait passer cette douleur là"

    P: "D'accord. C'est difficile à imaginer mais je comprends"

    S: "Je n'aime pas avoir l'air d'une droguée, mais bon... C'est difficile à expliquer aussi" et elle rit

    P: "Il n'est pas question de drogue quand c'est thérapeutique". Il lui sourit. 

    S: "Et tu as d'autres questions ?"

    P: "Je suis vraiment conquis par ton rire. Oui si tu le permets..."

    S: "Je  vais pas en pleurer, ca ne le ramènera pas ... Vas y je t'en prie"

    P: "Exactement, à quelle hauteur as tu perdu ton bras ?"

    S: "10 cm sous le coude"

    P: "Ok"

    S: "Pourquoi cette question ? On ne me l'avait jamais fait ..."

    P: "C'est juste de l'information, j'espère ne pas te troubler"

    S: "Non, chacun son approche après tout. Si la tienne est différente c'est peut-être de bonne augure. Autre chose ?

    Pierre rit: "J'espère que c'est de bonne augure. Une autre question si tu le permets..."

    S: "Oui, vas-y ne te gène vraiment pas tu sais, pose les moi sans détour"

    P: "Merci. Tu a l'air vraiment à l'aise. Portes-tu ta prothèse tout le temps ? Est-elle vraiment utile ?"

    S: "Ah la prothèse ! Non, pour être franche je la porte pour les autres, pas pour moi. C'est pour éviter de mettre le monde entier mal à l'aise; Et pour être tout à fait franche, elle est plus encombrante qu'autre chose"

    P: "Oh je vois. Si je te comprends bien, tu es plus à l'aise et plus "nature" sans, mais tu ne souhaites pas gêner les autres. Tu penses que tu gênerais les autres ou bien ce serait leurs regards qui te gêneraient ?"

    S: "Oh, les regards ont s'y habitue. Mais c'est franchement par respect pour eux. Puis j'avoue que parfois ça facilite le dialogue dans les magasins, chez l'épicier ou le boulanger, les gens ne restent pas pétrifiés à ne pas me donner ce que je leur demande"

    P: "Je comprends."

    S: "Donc oui, tu m'as bien compris, je suis plus à l'aise sans". Et elle lui sourit. 

    P: "D'accord... J'aime bien quand mes amis sont à l'aise avec moi, naturels. Donc tu feras comme tu voudras quand nous nous voyons"

    S: "C'est gentil, merci de m'offrir cette liberté"

    P: "Je ne te l'offre pas, c'est déjà la tienne, tu en dispose comme tu le souhaites"

     


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  • Il sourit puis elle poursuit:

    - "Que faites vous dans la vie ? Vous êtes écrivains ? Je suis bavarde et indiscrète, comme ça vous avez déjà deux de mes défauts "

    - "De bien jolis défauts. Non malheureusement je ne suis pas écrivain, l'écriture a toujours été pour moi une torture. J'aimerais pourtant pouvoir coucher mes sentiments et mes pensées avec aisance sur le papier. Je travaille dans une société financière, je suis un homme de chiffres. Je me présente, je m'appelle Pierre"

    - "Et bien enchantée Pierre, moi c'est Stéphanie"

    Il lui tend sa main droite. 

    PIERRE: "J'aime beaucoup votre prénom. Très heureux de faire votre connaissance Stéphanie"

    Gênée de montrer d'emblée son handicap, elle lui tend la main gauche. Il est un peu surpris mais ne dis rien et je serre sa main gauche. 

    STEPHANIE: "Excuse-moi, mon impolitesse mais l'état de mon bras droit ne me permet pas de te serrer la main"

    Elle préfère ne pas mettre de mal entendu dès le départ.

    P: "Pas de soucis pour moi, je ne m'en formalise pas. Me permettez-vous de vous demander ce qui vous est arrivé ? Un petit accident de sport peut-être ?"

    S: "Nous pourrions peut-être nous tutoyer"

    P: "Avec plaisir, adoptons donc le "tu"."

    S: "Mais je vais répondre à ta question."

    Le serveur arrive avec les thés et elle s'interrompt le temps qu'il pose les thés, puis reprend

    S: "C'est une bête histoire qui s'est mal terminée"

    P: "Comme souvent les petits accidents"

    S: "Une ballade en forêt avec mon copain de l'époque, puis une mauvaise chute et j'ai eu l'avant bras cassé. Mais tellement loin dans la forêt que quand les secours sont arrivé il était trop tard, et ils ont dû ... amputer"

    Et elle posa son bras invalide sur la table.

    S: "C'était il y a 2 ans maintenant"

    Pierre est surpris, ouvre la bouche, et encaisse le choc.

    S: "Je t'ai coquée, je suis désolée … Je ne sais pas encore vraiment l'expliquer avec délicatesse."

    P: "Oh non pas du tout, je suis désolé pour toi, sincèrement ... Cela n'enlève toutefois rien à ton charme"

    S: "Tu es gentil, mais ils ne disent pas tous ça malheureusement ... Et mon copain de l'époque le premier"

    P: "J'espère au moins qu'il t'a soutenu dans cette épreuve."

    S: "Il a préféré être cash, et m'a quitté dès que je suis sortie du bloc. Je ne lui en veux pas, je crois que ça aurait été pire de faire du cinéma inutile. Je préfère quand les gens sont directe et sincère avec moi"

    P: "Oui je comprends mais ce n'est pas très "fair" de sa part si tu me permets cette critique. Au moins, tu as pu juger de la profondeur de ses sentiments"

    S: "Oui, si tu veux. Mais ce jour là j'ai tourné une page de ma vie. Avec ou sans lui les choses auraient de toute façon été très différente. Aujourd'hui, j'ai compris que je ne peux plus espérer grand chose, au début ils disent tous que ça ira. Puis les détails finissent par les déranger et ils s'en vont tout gêné"

    P: "Parce qu'ils ne savent pas voir la femme que tu es et ne vois que le handicap"

    S: "Tu es amusant, mais les mots gentils, ils les ont eu aussi. Y a que l'expérience qui peut vérifier les dire. Et même si tu as l'air aussi sincère que les autres, pourrais-tu me trouver une bonne raison d'apprendre à te connaître d'avantage ?"

    P: "Oh c'est une grave question. Je suis prêt à poursuivre l'expérience J'ai moi aussi un petit handicap : je suis incapable de me dresser des lauriers avec mes qualités. Il te faudra les découvrir par toi-même, les qualités, comme les défauts."

    S: "Alors tu es modeste, c'est une belle qualité à explorer"

    P: "Modeste et assez timide. J'ai du me faire la guerre pour trouver le courage de t'aborder"

    S: "Et bien tu t'en sors très bien finalement. Je dois dire qu'au moins tu sais faire la conversation, on aura au moins eu ce moment d'agréable"

    P: "Merci, je te retourne le compliment. J'espère que ce bon moment ne s'arrêtera pas une fois notre thé terminé"

    S: "J'habite le quartier, je ne suis pas pressée de rentrer. Et demain je n'ouvre ma boutique qu'à 10h"

    P: "C'était ma prochaine question, tu ne m'as pas dit ce que tu faisais dans la vie ?"

    S: "Je suis fleuriste"

    P: "Oooh une fleur parmi les fleurs. Quel beau métier"

    S: "Oui, on voit du monde, et de loin on partage tous les moments important de leur vie, les bons et les moins bons"

    P: "Personnellement, je qualifierais celui que nous vivons d'exceptionnellement agréable et plaisant. Mais il va falloir que je trouve une autre idée que vous offrir des fleurs la prochaine fois que nous nous verrons"

    S: "Le cordonnier est toujours le plus mal chaussé, malheureusement. Mais est-ce parce que tu travaille dans une société de finance que tu n'aime pas voir ton compte en banque ?"

    P: "A propos de chaussures, les tiennes mettent en valeur tes belles chevilles. Je n'aime pas le voir parce qu'il n'est pas si bien garni que je pourrais l'espérer, mais je le surveille de près. Mon banquier n'est pas du genre "arrangeant""

    S: "Je voulais dire que ce n'est pas parce que je vois des fleurs tous les jours que je n'aime pas en recevoir"

    P: "Je t'avais suivi, j'y penserai... ou alors du chocolat..."

     


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